Journée de Rencontre 2019 – Liège
Dépasser le ‘handicap social’
Non seulement les personnes porteuses d’un handicap souffrent-elles de restrictions sur le plan physique, mais elles sont également vulnérables du point de vue socio-économique. C’est ici que, avec le soutien de ses nombreux partenaires, l’Association Nationale d’Aide aux personnes Handicapées peut apporter des réponses…
La 14ème journée de rencontre de l’ANAH s’est tenue, le 16 novembre dernier, sur le campus de l’Université de Liège, devant un parterre impressionnant de 235 Rotariens et invités. Alain Lesage, président du Rc Liège, club hôte de la manifestation, a loué l’efficacité de cette asbl rotarienne qui, depuis des décennies, œuvre à travers le pays, par-delà les districts. Il a également rappelé le rôle important de l’association dans le processus difficile ayant conduit à la reconnaissance de la langue des signes dans l’enseignement de la Communauté française. Le DG 1630 Thierry Reip, lui, était revenu sur les lieux de ses études pour accueillir les participants. Il a félicité tous les Rotariens impliqués dans la sélection minutieuse des projets soutenus : ‘Cotiser, c’est bien, utiliser sa force pour travailler ensemble, c’est mieux.’
André Oeyen, président de l’ANAH, a qualifié de ‘réconfortante’ la dynamique qui s’est amorcée ces dernières années. ‘Beaucoup de projets connaissent tant de succès auprès des handicapés et apportent tant de satisfactions à nos Rotarien(ne)s qu’ils sont reconduits année après année. Rendre les autres heureux nous rend nous-mêmes heureux et nous donne le courage de persévérer.’ De plus en plus de clubs travaillent ensemble, permettant la mise en œuvre de projets de plus grande envergure. L’année dernière, l’ANAH a honoré des demandes de soutien pour un montant total de 105.089 €. ‘Lors de la prochaine Assemblée Générale, je demanderai que le budget annuel de soutien aux projets sociaux soit porté à 120.000 €. Nous ne voulons laisser personne sur le bord de la route.’
L’oratrice principale, Gisèle Marlière du Belgian Disability Forum, a souligné que handicap et pauvreté vont souvent de pair, constituant une double discrimination. ‘Les allocations versées aux personnes handicapées ne leur permettent pas de mener une vie digne. Tout au plus peuvent-elles assurer les besoins de base. Ainsi, l’accès aux soins et aux services d’accompagnement devient impossible… Dans de nombreuses familles, le parent ou le conjoint doit renoncer à son emploi car la société ne répond pas suffisamment aux besoins de la personne handicapée. La pauvreté s’installe alors insidieusement et durablement dans toute la famille, car tant la personne handicapée que son/ses aidant(s) sortent des circuits de protection traditionnellement liés à l’emploi. Il devient urgent de donner un véritable statut à ces personnes qui décident d’interrompre leur carrière pour venir en aide à quelqu’un.’
Une longue série d’intervenants sont venus démontrer qu’un grand nombre d’initiatives ont vu le jour pour s’attaquer aux divers aspects de la problématique. Ainsi, le centre orthopédagogique Clara Fey, à Brecht, assiste des enfants/adultes souffrant d’un handicap mental et tente de réduire le risque de pauvreté en organisant leur éducation/travail/logement. Les entreprises de travail adapté telles que les Ateliers Jean Del’Cour ou les Ateliers du Monceau offrent des emplois de qualité aux personnes qui ne peuvent pas accéder au circuit régulier du travail. Jour après jour, elles parviennent à répondre à des normes de qualité élevées. L’asbl Welzijnsschakels lutte contre l’exclusion sociale via notamment une boutique de seconde main et une offre de loisirs abordables. Des groupes de bénévoles tels que J-stars (Termonde) ou Blijerbij (Halle) se consacrent à la ‘détente inclusive’, un concept revêtant une grande importance pour l’intégration sociale. Certains enfants doivent être placés en centres d’accueil car leur situation familiale est jugée trop risquée. Julien Etienne, du Foyer des Orphelins, a décrit quelques cas pénibles. ‘L’objectif à terme est de faire réintégrer le jeune dans sa famille lorsque c’est possible, ou alors de lui apprendre à vivre en autonomie. Nous ne demandons pas de loyer fixe aux parents, mais uniquement le remboursement de certains frais (médicaux, par exemple) lorsqu’ils le peuvent.’
Le mime Demetrio Morabito, de l’asbl liégeoise Les Mains Ardentes (personnes sourdes et malentendantes), a offert un intermède ludique grâce à la complicité involontaire – mais convaincante – du gouverneur Thierry Reip, qui avait été choisi parmi le public pour monter sur scène !
Pour terminer, deux nouvelles initiatives de l’ANAH ont été présentées. Dans la partie francophone du pays, l’asbl Parthages propose des ateliers dans les écoles et les mouvements de jeunesse pour diffuser l’empathie et la tolérance vis-à-vis des enfants ‘différents’. Un jeu de société a été développé, bientôt disponible en néerlandais. ‘Nous espérons que de nombreux clubs encourageront les écoles à adopter cet atelier. Nous recherchons des volontaires prêts à suivre une courte formation d’animateur. Notre intention est que cette proposition soit gratuite pour les écoles, les clubs parrainant une petite indemnité pour les bénévoles et pour le coût du matériel.’
Enfin, l’ANAH va financer l’achat de douze ‘becasines’ et les mettra à la disposition des Rotary clubs à partir du printemps 2020. Si vous ne savez pas ce qu’est une ‘becasine’, lisez vite l’article en p. 35 du Rotary Contact du mois passé… Les engins seront mis à contribution lors de la course ‘The Human Mile’, organisée par le Rotary anversois le 29 août 2020, à l’occasion du centenaire des Jeux Olympiques d’Anvers.
S.V. / D.C.